
Bustarret Claire
Le projet Usages de cartes à jouer comme support d’écriture au XVIIIe siècle consiste à rassembler un corpus de cartes à jouer supports d’écrits représentatif des différents usages domestiques, commerciaux, sociaux, scientifiques ou littéraires caractérisant une pratique méconnue, qu’il permettra de documenter. Fondée sur une recherche déjà engagée à Paris et en Suisse depuis quelques années, sans moyens spécifique, cette première année de financement permettra une prospection plus systématique sur plusieurs fonds déjà répertoriés ou simplement repérés, notamment en région parisienne, à Bordeaux et en Belgique.
Outre une description matérielle susceptible de fournir des indices de provenance et de datation, l’étude de ce corpus consistera notamment à croiser des analyses sur la mise en page et sur les contenus textuels, afin de caractériser des usages lettrés, dont certains pédagogiques, voire érudits, et d’autres peu lettrés, et de repérer d’éventuels invariants graphiques, communs à tous les usagers. L’émergence au cours du XVIIIe siècle de normes graphiques concernant l’usage des cartes comme fiches bibliographiques a déjà été étudiée, mais sans tenir compte d’une telle pratique courante, diversifiée et largement répandue en dehors du milieu « professionnel » des bibliothèques. Il s’agira notamment d’articuler les « façons de faire » attestées dans les divers corpus avec la mise en place de ces normes.
Une base de données, illustrée de cartes numérisées, et comportant des transcriptions enrichies en XML-TEI, permettra de répertorier et de comparer les aspects matériels et la mise en page, d’identifier les scripteurs, d’évaluer les indices concernant les éventuels destinataires et les conditions de circulation.
Ce projet se donne pour but d’analyser une pratique instrumentale et documentaire, sur un support réservé aux écrits d’action, aux écrits préparatoires ou aux outils de recherche et de pédagogie. Le corpus sera présenté à l’occasion d’une journée d’étude finale, animée par les partenaires du projet, auxquels seront associés les collègues du Centre M. Halbwachs engagés dans le projet « La documentalité à l’épreuve des pratiques d’écriture », conviant les chercheurs de PSL intéressés ainsi que divers spécialistes français et étrangers. Cette journée pourrait, dans le cas d’un financement renouvelé pour une seconde année, fournir l’occasion du lancement d’une plate-forme collaborative, à laquelle les chercheurs, étudiants et enseignants concernés pourraient apporter leurs annotations sur une ou plusieurs cartes de la base.