Iafrate Allegra
On trouve souvent des pseudo-écritures sur des œuvres d’art médiévales et de la Renaissance, décorant les vêtements de personnages religieux, l’ornementation des textiles, les rouleaux ou les livres tenus par des personnages sacrés, dans une grande variété de contextes et de supports, incorporant souvent des caractères ou des ‘quasi-lettres’ des alphabets orientaux. Situé à mi-chemin entre l’ornement et l’écriture actuelle, il a été utilisé de diverses manières pour désigner l’altérité, comme une sorte de cryptage, comme le produit d’une main habile, comme un indice d’un niveau de communication perdu ou inaccessible entre des personnages sacrés.
Un tel phénomène dans son ensemble semble donc échapper à une seule fonction ou à une définition stricte. En fait, il apparaît à la fois riche et nuancé, et si dense en potentiel expressif qu’on pourrait le considérer comme l’incarnation visuelle d’une sorte de langage rare, dont l’utilisation et le registre peuvent varier, en fonction du contexte et de la finalité de son utilisation. On peut soutenir qu’il partage également des similitudes typiques d’autres notations de «seuil» – qui pourraient être comparées – telles que des nœuds ou des signes apotropaïques, en offrant au spectateur une sorte de motif complexe, quelque chose de déroutant et de stimulant pour l’esprit. Il s’agit donc d’un élément visuel fascinant à considérer dans l’architecture formelle de l’image, en tant que dispositif capable d’activer différentes couches de réponse. Le projet actuel propose une analyse des cas italiens, entre la fin du XIIIe et le XVIe siècle, en essayant d’explorer la notion d’une esthétique de « l’illisibilité » vue en relation avec l’évocation mythique d’un passé biblique et les superpositions symboliques entre pseudo-scripts et langages secrets, magiques ou mystiques.