Paysages rupestres

 

Bruneau Laurianne

Neelis Jason

Taj Murtaza

Autrefois, le « toit du monde » (bam-i duniya) était un carrefour reliant l’Asie du Sud et l’Asie centrale où se cotoyaient diverses langues et écritures. Le long du cours supérieur de l’Indus et de ses affluents, qui prennent leur source dans les montagnes de l’Himalaya occidental, de l’Hindou-kouch et du Karakoram, des itinéraires de montagnes reliaient les artères principales des ‘routes de la Soie’ entre le nord-ouest du sous-continent indien et le bassin du Tarim (Asie centrale orientale). Les berges de l’ Indus abritent l’une des plus importantes concentrations d’art rupestre au monde. Depuis la préhistoire et ce jusqu’au début du second millénaire de n.è., des gens de passage et des habitants ont gravé ou fait graver quelques 70000 pétroglyphes et 6000 inscriptions dans la patine recouvrant les rochers jonchant les rives du cours supérieur de l’Indus, depuis le Ladakh à l’est (état de Jammou et Cachemire, Inde) jusqu’à la province pakistanaise du Khyber-Pakhtunkhwa à l’ouest, en passant par celle du Gilgit-Baltistan. Les sources textuelles et matérielles sont rares pour le Haut-Indus et l’art rupestre constitue la principale documentation pour reconstituer la séquence culturelle de la région sur le temps long. Entre le 1er siècle av. n.è. et le 11e siècle ap. n.è. des inscriptions en langues et écritures indiennes, iraniennes, tibétaine et chinoise y ont été gravées dans la pierre. Les travaux spécialisés en ont établi l’importance pour identifier des réseaux de communication à longue distance, qu’ils soient de nature commerciale ou religieuse. Toutefois un effort de contextualisation de l’art rupestre doit à présent être mené. Nous nous proposons donc d’analyser la co-existence et l’interférence des différents corpus d’inscriptions et de les mettre en relation avec les représentations rupestres qui leur sont associées, que ce soit de manière chronologique et/ou spatiale. La matéralité des inscriptions et des pétroglyphes sera un autre sujet d’investigation. Enfin, l’étude de l’environnement naturel et construit des sites d’art rupestre permettra de les placer, tout comme leur contenu, dans un cadre géographique, archéologique et historique élargi. L’approche globale et interdisciplinaire que nous proposons repose sur l’imagerie numérique, la cartographie numérique et le traitement de données grâce à la mise en place d’une base de données relationnelle et multiscalaire. Outre un renouvellement de la recherche, les humanités numériques constituent un outil de préservation du patrimoine. En effet, les sites du Haut-Indus sont menacés par la construction imminente de barrages qui submergeront à terme cet unique corpus écrit et visuel.

 

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