« Écrire sur des tessons II – étude continue des ostraca du temple de Hout-Répit en Haute Égypte »

Sandra Lippert 

Le présent projet entend étudier la matérialité et les aspects socio-linguistiques de l’emploi de l’ostracon comme support d’écriture à partir d’un ensemble de documents découverts à Hout-Répit/Athribis, en Haute Égypte, jusqu’ici inédits, issus d’une fouille en cours conduite par l’université de Tübingen (Allemagne). Ces tessons, datables entre le Ier s. AEC et le VIIe s. EC, sont majoritairement inscrits en égyptien (hiéroglyphique, hiératique et démotique, ± 80%) et en grec (± 15%), on compte aussi quelques pièces avec du copte, de l’arabe ; d’autres sont figurés. Il s’agit d’une opportunité, jusqu’ici rarement exploitée, de combiner l’étude philologique d’un tel corpus, qui permet de spécifier les types et fonctions de textes inscrits sur tessons, avec l’analyse céramologique des supports (mesures, analyse des pâtes, type de céramique, parties utilisées, origines en Égypte et au-delà, datation). Cette étude interdisciplinaire apportera des précisions sur les utilisateurs et leurs motivations pour utiliser des tessons, et peut-être plus précisément certaines formes, tailles ou parties de vases, comme supports d’écritures. Étaient-ils réellement un substitut économique au papyrus, souvent considéré comme onéreux ? Les tessons sont-ils réservés à des textes de moindre importance et/ou d’un usage éphémère ? Cela consistera aussi à préciser dans quelle mesure la rédaction sur ostraca influence la forme du texte (mise en page, longueur du texte, taille des signes, etc.) ; les circonstances qui conduisent à privilégier l’usage du hiératique, du démotique ou du grec (et plus tard, du grec ou du copte, voire du copte ou de l’arabe) et si certains types de textes sont uniquement attestés dans une seule langue/écriture. Enfin, il faudra déterminer qui en sont les rédacteurs et les destinataires et le rôle qu’ils pouvaient jouer au sein de l’institution religieuse, sociale et économique qu’était ce temple à l’époque gréco-romaine, puis le couvent qui y était installé dans les phases ultérieures de son occupation.

Un premier financement de SCRIPTA (AAP 2) a permis non seulement de mettre en place une équipe interdisciplinaire, réunissant des philologues spécialistes des différentes langues/écritures concernées (égyptien de tradition, démotique, copte, grec et arabe) et une céramologue, mais aussi d’effectuer des séjours sur place pour étudier les ostraca, conservés dans le magasin du Ministère des Antiquités d’Égypte près du site. Nous avons par ailleurs créé un fichier Excel pour réunir les informations pertinentes, et plusieurs milliers d’ostraca ont déjà été renseignés. Cet outil sera prochainement transformé en base de données partagée (d’abord en accès limité) pour permettre un échange plus efficace entre les membres de l’équipe. Toutefois, l’accroissement considérable du matériel au cours des dernières campagnes, qui dépasse désormais les 12.000 tessons inscrits, nécessite de nouvelles missions sur place pour poursuivre l’étude.

          

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