Corpus des inscriptions khmères

Soutif Dominique

Faute de copies, victimes de destructions ou du climat tropical, les manuscrits inscrits sur ôles qui constituaient l’essentiel des archives du Cambodge ancien ont disparu et les inscriptions sur pierre ou métal sont aujourd’hui l’unique source écrite dont nous disposons pour reconstruire l’histoire du pays khmer des périodes préangkorienne et angkorienne (Ve-XVe s. A. D.).
Bien qu’il ne comporte que 1370 entrées, le corpus des inscriptions khmères est le plus important d’Asie du Sud-Est. Rédigé en sanskrit – langue utilisée notamment pour des sujets religieux et politiques – et en khmer ancien pour les parties plus administratives – comptes rendus de procès, listes de donations – son étude a amplement contribué à notre connaissance de la civilisation khmère depuis le début du XIXe s.
Un inventaire avait été publié en 1966 par George Cœdès et avait été complété par Claude Jacques en 1970, mais il restait en suspens en raison des événements qui ont bouleversé le Cambodge pendant plusieurs décennies .
Débuté en 2002 sous la direction de Gerdi Gerschheimer (EPHE), le programme de Corpus des inscriptions khmères (EFEO/EPHE) s’est fixé pour objectif de mettre à jour cet inventaire et de redynamiser les études épigraphiques khmères.
De nombreux collaborateurs y participent aujourd’hui, de spécialités, d’institutions et d’horizons variés, de la Grande-Bretagne à l’Australie en passant par la Thaïlande et naturellement le Cambodge.
En plus de mettre à jour l’inventaire et de créer un corpus électronique exhaustif, notre objectif est de mieux documenter ces épigraphes, à commencer par les textes en collectant une documentation graphique lisible suffisante, mais également en tentant de rassembler des données concernant leur provenance, leur support, etc.

Ce financement avait plusieurs destinations.

Le second objectif était d’analyser un certain nombre d’inscriptions afin de déterminer la nature des pierres employées. À terme, ce travail a notamment pour but de déterminer la provenance des blocs ; par ailleurs, l’analyse de séries cohérentes d’inscriptions (stèles d’hôpitaux, inscriptions de fondation des āśrama, etc.) devrait apporter des éléments concernant les ateliers chargés de la gravure et le mode opératoire employé . Ces analyses (reflectance spectroscopy & x-ray fluorescence) devaient être réalisées par Christian Fischer (Cotsen Institute for Archaeology, Université de Californie à Los Angeles).

Ces objectifs ont été largement dépassés au cours de cette mission qui s’est déroulée entre fin juin et début septembre 2017 . En effet, Tom Mc Clintock ayant été formé par les concepteurs de la technologie RTI dans le but de former d’autres chercheurs, ses séances de travail se sont naturellement transformées en des sessions de formation qui ont rencontré un réel succès. En plus du personnel cambodgien du Ministère de la Culture et des Beaux Arts du Cambodge employé par les musées, cette formation a pu être dispensée à trois chercheurs nord-coréens du National Authority for the Protection of Cultural Heritage, à une étudiante et un archéologue français et à l’un des assistants cambodgiens du centre de l’EFEO de Siem Reap. En plus des nombreuses données rassemblées, ceci nous permet aujourd’hui d’être autonomes pour l’acquisition de nouvelles images RTI.
Cette formation imprévue a été complétée par des présentations concernant les techniques d’analyse (par Christian Fischer), la modélisation 3D (Tom Mc Clintock), la vectorisation du mobilier archéologique (Nicolas Josso) et la géolocalisation des sites de découverte (Chea Socheat). Les circonstances nous ont donc permis d’organiser une formation très complète et de transmettre à plusieurs jeunes chercheurs de nouveaux outils pour documenter exhaustivement leurs découvertes.

 

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