Projets de recherche

Jean-Luc Fournet

Une partie de mes recherches s’organisent autour de l’écrit documentaire auquel j’essaie d’appliquer les mêmes outils d’analyse que les papyrus littéraires dans la mesure où la question du rapport de la forme et du sens se pose aussi pour ces types d’écrit et où, à partir du IIIe s. après J.-C., ils sont de plus en plus influencés par les normes de l’écrit littéraire. Cela m’amène à analyser le document comme un objet culturel et non pas seulement comme le véhicule d’un contenu (cf. J.-L. F., « Culture grecque et document dans l’Égypte de l’Antiquité tardive », Journal of Juristic Papyrology 43, 2013, p. 135-162 [https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01597563]). Une telle approche se décline dans quatre directions pour ce qui concerne le domaine de la bibliologie et de la paléographie :

  • Montrer en quoi les changements formels (mise en page, formats) que subit le document dans l’Antiquité tardive sont révélateurs des options culturelles de la société. Cf. J.-L. F., « Disposition et réalisation graphique des lettres et des pétitions protobyzantines : pour une paléographie « signifiante » des papyrus documentaires », Proceedings of the 24th International Congress of Papyrology, Helsinki 2007, p. 353-367 (https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01685373)
  • Montrer l’adéquation entre le type d’écriture et le genre documentaire ;
  • Dégager les systèmes de différenciation de styles graphiques qui se développent à l’intérieur d’un même texte et qui ont pour but de mieux visualiser les articulations du texte en même temps qu’elles participent à une rhétorique visuelle de ce texte. Cf. J.-L. F., « P.Stras. V 318 complété : la grande philoponia d’Héracléopolis et les protocoles en cursive inclinée » dans P.Worp, p. 245-249.
  • Montrer en quoi la pratique littéraire a influencé la pratique documentaire dans l’adoption de certaines écritures et dans le recours de plus en plus intensif à des signes diacritiques propres à la première. Cf. J.-L. F., « L’influence des usages littéraires sur l’écriture des documents : perspectives », Proceedings of the 20th International Congress of Papyrologists, Copenhague 1994, p. 418-422 (https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00001094) et surtout, plus récemment, « Les signes diacritiques dans les papyrus documentaires grecs », colloque Signes dans les textes : Recherches sur les continuités et les ruptures des pratiques scribales en Égypte pharaonique, gréco-romaine et byzantine, Université de Liège, 2-4 juin 2016 (sous presse ;  Abstract: The diacritical signs invented by the Alexandrian philologists for literary texts sporadically penetrated the field of documents. This paper will try to show what signs were used in these conditions, for what purposes and what can be learned from them about the reception and application of the antique grammatical theories and philological researches as well as about the socio-cultural profile of the writers who used them).

Ces différentes directions de recherche sont synthétisées dans un cycle de conférences que j’ai donné à l’Istituto papirologico Vitelli de Florence : Il documento : un nuovo sguardo sulla cultura scritta della tarda Antichità (8-29 mai 2018).