Ve journée du Groupe de recherches transversales en paléographie (GRTP)
L’illisible volontaire en paléographie
organisée par Jean-Luc Fournet (Collège de France),
Judith Olszowy-Schlanger (EPHE) & Marc Smith (ENC, EPHE)
dans le cadre de PSL Scripta
avec le soutien du Collège de France
7 décembre 2018
Collège de France
11, place Marcelin-Berthelot, 75005 Paris
Salle 2
Le Groupe de recherches transversales en paléographie (GRTP), qui a pour vocation de développer une approche transdisciplinaire de la paléographie, vous invite à participer à une nouvelle journée d’études et de discussions. Après nous être intéressés au paramètre chronologique et spatial dans la formation, le développement et la diversification des écritures, aux rapports entre types, styles et mains et au di-/polygraphisme, nous proposons une réflexion sur l’illisibilité en paléographie.
Si l’écriture a pour but de propager l’information et la cryptographie de la circonscrire, il existe aussi des graphies intermédiaires qui, ni limpides, ni codées, sont délibérément conçues pour n’être accessibles qu’avec difficulté. Les textes sont alors tracés dans une écriture volontairement difforme, aberrante ou exagérément stylisée, qui ne les rend accessibles qu’à une catégorie limitée de lecteurs. Quelle est la finalité de ces écritures volontairement illisibles ? Quelles sont les méthodes et les intentions des scripteurs qui expriment en même temps qu’ils dissimulent ? Telles sont quelques-unes des questions que se poseront, chacun dans sa spécialité, les intervenant de cette Ve journée d’étude du GRTP.
10h00-12h30
Andréas STAUDER (EPHE), « La célébration des signes : pratiques de l’écriture énigmatique en Égypte ancienne »
Jean-Luc FOURNET (Collège de France, EPHE), « Quelques cas d’écritures (presque) illisibles dans les papyrus grecs et latins »
Naïm VANTHIEGHEM (CNRS, IRHT), « Les reçus de taxe arabes, des grimoires hermétiques ? »
Pause déjeuner
14h00-17h00
Yael BARUKH (Université hébraïque de Jérusalem), « Tugra et Hanfusa : illisibilité stylisée des signatures des sultans et rabbins dans l’Empire Ottoman »
Judith OLSZOWY-SCHLANGER (EPHE), « Le confort de lecture, est-il indispensable? Les écritures hébraïques à la mise en page et écriture compliquée »
Philippe PAPIN (EPHE) : « Cacher son nom mais l’écrire : tabous graphiques, torsion des écritures et prétérition rhétorique dans le Vietnam ancien »
Marc SMITH (ENC, EPHE), « Écritures extrêmes : l’illisible latin aux limites de l’œil et de la main »
Illustration :
Tablette funéraire vietnamienne de 1667 où le nom du dédicataire de la donation est écrit en caractères tassés les uns dans les autres jusqu’à en devenir très difficilement lisibles. L’illisibilité relative est bien sûr un fait exprès : il fallait à la fois cacher l’identité du mort, ou plutôt cacher son nom qui en est l’emblème, et l’inscrire sur la tablette afin de la porter à la connaissance des divinités. Son nom est donc écrit sans être écrit : il est codé, c’est-à-dire partiellement connaissable.
Testament grec de 570 qui est précédé d’une espèce d’estampille (appelée « protocole ») en caractères délibérément allongés et stylisés jusqu’à en devenir indéchiffrables.