Ecritures exposées

L’écriture exposée contribue à façonner, à définir et même à créer de nombreux espaces. Au-delà des contenus inscrits, les significations de l’écriture se constituent en relation à son positionnement dans un lieu (p. ex. architectural, urbain, territorial, espace naturel ; espaces publics, rituels, funéraires, etc.), à la nature spécifique de ses supports (pierre, bronze, papier, écran et autres) et aux formes graphiques qu’elle affiche. Dans ces espaces divers, l’écriture exposée implique des régimes de visibilité et de lisibilité extrêmement variés. Plus que par un modèle de communication centré autour du message, l’inscription dans l’espace est déterminée par ses effets : elle marque, institue, différencie. Par la diversité des objets et des situations, l’exposition de l’écriture constitue un phénomène central, qui concerne toutes les cultures de l’écrit.

La dimension spatiale de l’écriture n’en reste pas moins largement méconnue. L’objectif de l’axe est de faire émerger un nouveau domaine de recherche à la croisée des disciplines historiques, de l’épigraphie et de l’archéologie, et des sciences humaines et sociales, en particulier l’histoire et l’anthropologie de l’écriture.

La notion séminale d’« écriture exposée » est associée à l’œuvre d’Armando Petrucci. Ces premiers travaux demandent à être étendus à d’autres cultures de l’écrit ouvrant la voie à une approche comparative. On privilégiera des projets prenant en compte :

– La variation des échelles, de l’espace architectural (murs, maison, monuments, etc.) à l’espace urbain, au territoire, aux espaces naturels.
– Les variations de temporalités. La question se pose avec une complexité particulière dans le contexte urbain, la ville étant à la fois un conservatoire d’inscriptions et un théâtre où paraissent les écritures les plus éphémères.
– En relation aux espaces et temporalités, on sera particulièrement attentifs aux approches pragmatiques des écritures exposées. Dans quels mondes de l’écrit se déploient les pratiques d’écritures exposées. Des commanditaires aux exécutants, des auteurs de textes aux scénographes, architectes, graphistes, des censeurs, contrôleurs, inspecteurs aux scripteurs illicites, contestataires, faussaires ou blasphémateurs, comment se distribuent les rôles, les savoirs, les pouvoirs ?
– Enfin, la question de la visibilité réelle des inscriptions est souvent posée, comme la question de la capacité du passant à les lire et à les comprendre. La question concerne directement celle des logiques d’action, dans la mesure où ce que l’on « fait » avec une écriture exposée transcende souvent la simple communication. Il conviendra donc d’interroger les catégories de visibilité, lisibilité et adressivité.

Le projet de cet axe est largement exploratoire. Son développement créera une dynamique scientifique inédite en écho avec des thèmes d’avenir – renouveau des écritures, importance des écologies urbaines, avancée de la cartographie numérique comme outil de connaissance.

Responsable : Béatrice Fraenkel

Axe précédent Axe suivant